Le 48ème Bataillon de Chasseurs à Pied
C'est ce régiment qui, le 15 octobre 1918, entra dans Liesse et libéra ce bourg du joug allemand qui l'avait étranglé pendant 1 503 jours !
De toute cette période de l'histoire locale, je n'ai retrouvé aucun écrit mais toute la population de Liesse avait été évacuée avant l'attaque, et personne n'ayant été témoin des combats, il ne pourrait exister que des écrits des soldats qui les ont vécus.
Du passage des troupes en notre ville, il ne reste, apparemment, aujourd'hui, qu'une seule trace : une simple inscription lapidaire que l'on peut lire au dos du monument de Jeanne d'Arc. Rien d'autre ne commémore le passage de ce régiment dans notre ville.
Voici, d'après les Carnets de Route personnels du Commandant Gaston de Chomereau de Saint André qui commandait ce bataillon, le déroulement de ces derniers combats qui ont conduit à cette libération (voir plus d'informations sur le Commandant de Chomereau de Saint André).
Les documents d'origine m'ont été gracieusement confiés par son petit fils, Tristan de Chomereau de Saint André, résidant aujourd'hui à Paris.
Extrait des carnets concernant le passage sur Liesse
Progression du 11° groupement de BCP : 9 octobre - 11 novembre 1918
Chemin des Dames, Ailette, Presles, Samoussy, Gizy, Liesse, Pierrepont, Chivres, Bucy, Brunehamel, Mont-Saint-Jean, Rumigny, Maubert-Fontaine et Sévigny.
10 octobre 1918
Des patrouilles ont été poussées sur l'Ailette qui est franchie ce jour.
Harcèlements et bombardements sur les arrières dans la région d'Ostel.
Consommation de nos munitions : 775 obus de 75 dont 375 O.S. et 194 obus de 155.
Bilan du 11° groupement de BCP : 11 blessés et 5 intoxiqués.
11 octobre 1918
Le Commandant de Chomereau est pour 2 jours en mission à Chantilly, à l'école des chars de combats.
12 octobre 1918 (Selon le Journal de Marche Officiel du Bataillon)
L'ennemi bat en retraite, talonné par nos troupes, le 48° en soutien gagne Trucy et Lierval sans incident, puis, le 13, la ferme de la Mouillée, entre Eppes Athies et Samoussy.
14 octobre 1918
Prise de Gizy par les 48° & 55° BCP. Premières attaques de Liesse.
Le 14 au matin, à peine sorties de Gizy, les compagnies de tête passées à l'avant-garde, rencontrent une très forte résistance. Néanmoins, la progression continue malgré les feux violents d'artillerie et de mitrailleuses. Après 3 attaques successives, le bataillon se trouve au soir devant Liesse, fortement tenu. 4° attaque le 15 au matin. Nos pertes sont de 6 tués et 10 blessés. Dans l'après midi, la 9° Cie et la 8° Cie prennent la station de Liesse-Gizy et la 1° compagnie enlève le Calvaire (NDLR : aujourd'hui, maisons près de la gare de Liesse).
Les Allemands se replient vers le nord-ouest (vers Pierrepont).
L'ennemi exécute des tirs de harcèlement sur les routes ; les entonnoirs sont nombreux aux carrefours.
Des dépôts de munitions explosent de tous côtés dans ses arrières.
Entre temps, le 14 octobre, au matin, le Commandant de Chomereau avait rejoint le théâtre des opérations vers Vailly.
Après une longue étape à cheval, il avait rallié de nuit, le bataillon qui se trouvait à la ferme de La Mouillée.
15 octobre 1918
L'ennemi exécute des tirs de harcèlement sur les routes ; les entonnoirs sont nombreux aux carrefours. Des dépôts de munitions explosent de tous côtés dans ses arrières.
Le Commandant de Chomereau raconte :
'Le 55° est au contact entre Samoussy et Eppes ; le 48° est en second échelon. Le 15 au matin, départ au petit jour, les Boches s'étant repliés dans la nuit.
Axe Samoussy - route d'Athies à Liesse : le 55°.
En avant-garde, le 48°, 2 compagnies entre route et voie ferrée (une par les bois, une au sud ; mitrailleuses réparties). Je marche avec la colonne nord.'
Le 55° BCP atteint Gizy, son objectif, sans difficulté et stoppe. Je le dépasse. La majorité du bataillon contourne Gizy par le sud. Contact repris station de Liesse et au calvaire entre Liesse et Marchais (NDLR : calvaire de la Croix de Marchais en haut de la côte).
Vives résistances, nombreuses armes automatiques, interdiction par 75 et 105 sur débouchés Gizy où j'ai installé mon PC , après reconnaissance de la position ennemie.
Au sud, le 404° RI ne peut déboucher du parc du château de Marchais.
Au nord, l'ennemi recule lentement : il tient manifestement à garder la tête de pont de Liesse. *
Mon P.C. est installé définitivement vers le centre de Gizy.
Plusieurs tentatives d'ensemble, réglées en détails par la 121° D.I. échouent.
J'ai sollicité et obtenu l'autorisation de me charger seul de l'affaire par un coup de main en opérant à ma guise.
L'attaque sera faite vers 13 heures par la 8° compagnie sur un front étroit, en vue de déborder Liesse par le sud. L'objectif est le calvaire. La base de départ est le pied des pentes à gauche. La 9° compagnie a pour objectif la station de Liesse - (action secondaire) la 7° est en liaison et en réserve entre 8° et 9°. Mitrailleuses, 37° etc… en majorité, flanquent et appuient l'attaque de la 8°.
Comme artillerie, un groupe (groupe Fréhal) avec lequel le 48° est habitué et est en union absolue.
Une reconnaissance minutieuse est faite par les commandants de batterie.
L'attaque sera déclenchée à 16 heures, après une préparation d'artillerie courte et violente (il y a très peu de défense d'accessoire) sous protection d'un barrage roulant à cadence rapide et très intense sur un front étroit, par les 3 batteries.
A 16 heures, après la préparation d'artillerie, le 48° BCP exécute l'attaque.
'La 8° compagnie - une soixantaine d'hommes - arrive sur les Boches presque dans le barrage d'artillerie, les surprend, bourre en avant et se rabat ensuite, prenant l'ennemi à revers. A la nuit, la 8° compagnie, suivie par la 7°, tient Sainte Suzanne.
Quelques fractions ennemies à Liesse contiennent la 9°. Le Calvaire est enlevé.
Dans la nuit l'ennemi se replie sur Chivres.
Captures : douze mitrailleuses légères et soixante dix prisonniers du 417° K.I. allemand.
Les pertes sont insignifiantes : quelques blessés dont deux par des 75 du barrage roulant.
Deux légions d'Honneur sont attribuées pour la 8° et un peu plus tard une citation pour le bataillon.
Le P.C. est installé à Liesse, d'abord dans les caves de la Mairie, puis dans une maison. La ville a été évacuée sauf par une bonne vieille femme qui s'est terrée dans sa cave. Quelques prisonniers italiens sont délivrés. Ils étaient employés comme travailleurs. Une imprimerie allemande est confisquée : des tracts et des documents de propagande sont abandonnés.
La ville a été ménagée par l'ennemi à cause du Sanctuaire de Notre-Dame de Lorette. **
( ** Ce n'est que la Fontaine qui a un rapport avec Lorette mais le Commandant de Chomereau ne connaissait pas Liesse auparavant.)
Le 16 octobre au matin, l'ennemi s'est replié au-delà de La Souche en abandonnant un parc de 200 voitures et de nombreux approvisionnements. Liesse est libéré !
(voir sur la carte : parc à voitures de Ste Suzanne, Bénicourt et Bois de Liesse).
L'offensive est arrêtée ; le contact est maintenant sur le Canal .***
Les relèves et les retours en lignes se succèdent. Les harcèlements sont fréquents.'
Le 16 au soir, le 48° est relevé par le 404° R.I. qui vient de Marchais.
Un repos relatif est trouvé en forêt de Samoussy et à la Ferme du Parc. Un repos relatif est trouvé en forêt de Samoussy et à la Ferme du Parc.
...
( *** le 'nettoyage' des marais sur Marchais et Liesse, entre villages et canal, va être assez long, les arrières gardes allemandes sont maintenant derrière le canal, à l'abri de la Ligne Hindenbourg : les marais sont parsemés de pill-boxes, nids à mitrailleuses, des chevaux de frises barrent le passage. Ces positions renforcées ont été installées par les allemands qui pensaient ainsi couper la route à la progression des troupes françaises. De plus, pour retarder les troupes françaises, les allemands vont crever les digues du marais, provoquant des inondations. Le bataillon va donc rester sur Liesse jusqu'au 30 octobre.)
...
31 octobre 1918
L'infanterie allemande est particulièrement nerveuse. De 3h30 à 4h30, tirs toxiques sur l'ancien moulin (près du canal vers la Montinette), l'ermitage et le Bois de Liesse.
1er novembre 1918
Patrouille. Le niveau d'eau du canal et des marais monte très sensiblement depuis 24 heures.
Creusement de tranchées et d'abris.
Aménagement de la cave de l'ermitage.
Dans la nuit, bruits de travaux allemands en direction de Chivres.
2 novembre 1918
Tirs de représailles d'obus à l'arsine ** sur Liesse aux abords de l'église et du cimetière.
(** l'arsine est un gaz toxique à base d'arsenic hydrogéné)
(En raison de la présence de la Ligne Hindenbourg, les Français n'ont plus qu'une seule solution pour progresser : contourner le marais par Pierrepont.)
4 novembre 1918
En exécution de l'ordre général n° 799, la 72° D.I. sera relevée par la 121° Division dans la nuit du 4 au 5 novembre. Le 48° BCP doit relever le BMP.
A 17 heures, les unités partent de Liesse. L'artillerie ennemie est active. Marmitage à gaz.
Des indices du recul de l'ennemi sont patents. Le 48° BCP est porté de nuit de Liesse à Pierrepont par Missy, pour attaquer au petit jour. Marmitage insensé sur toutes les routes par les Boches qui vident leurs dépôts.
P.C. successifs à Missy puis Pierrepont où je relève un petit bataillon colonial de la Nouvelle Calédonie d'excellent aspect.
5 novembre 1918
Le 5 au matin, mes éclaireurs débouchent de Pierrepont poursuivant des mitrailleuses ennemies. Itinéraire Mâchecourt, voie ferrée.
Le bataillon occupe l'emplacement du BPM et assure la garde du front jusqu'à la voie ferrée incluse Liesse-Chivres où la liaison est établie par un poste mixte avec le 90° R.I..
Prise de commandement à 8 heures. Le P.C. du bataillon est à Pierrepont.
A 8h15, les renseignements parviennent : le 36° R.I. a pu traverser le canal et progresser en direction de Cuirieux. A ce moment, le bataillon a 2 compagnies dans Pierrepont et ne peut avancer par suite des tirs de mitrailleuses.
A 8h30, une patrouille lancée par la 7° compagnie parvient à déboucher. Le lieutenant Verjeat, suivant de très près, bénéficiant de l'enrayage d'une mitrailleuse ennemie traverse le canal et progresse dans la direction de Mâchecourt.
Le reste de la 7° compagnie marche dans ses traces ; la 9° compagnie à 300 m derrière s'ébranle à son tour.
La marche en avant se poursuit jusqu'à Mâchecourt qui est atteint à 11 heures.
Vers 11h30, les compagnies de tête, 7° & 9° Cie, s'emparent de Mâchecourt ; la 9° y fait un prisonnier du 477° KI blessé grièvement. Les cavaliers du 7° Dragon qui précédaient notre avant-garde capturent en même temps 5 prisonniers ; les voitures faisant barrage à l'entrée du village ont été vite détournées malgré une fusillade assez vive. La 9° Cie qui s'est emparée de Mâchecourt par le sud tandis que la 7° contournait par le nord, continue le feu sur les détachements ennemis qui se replient. Sachant que la résistance allemande se prolonge à Chivres et empêche le débouché du 45° BCP, le commandant du bataillon lance en direction de Chivres la 7° compagnie suivie de la 9° axée sur Sainte Anne. Il est 12h15. Une erreur de l'artillerie italienne retarde le mouvement. Progression sans grande difficulté, gênée surtout par les 75 italiens - une brigade débouchant de Liesse et qui tirent sur tout ce qui bouge !
A 14h, les 7° & 9° Cies sont en plein mouvement sur Chivres et la ferme de Sainte Anne ; cette manœuvre active aussitôt l'évacuation de Chivres qui est occupée aussitôt par la 5° compagnie et le 45° BCP. En conséquence, le bataillon se redresse face à Bucy-lès-Pierrepont, avec comme axe de marche générale la voie ferrée.
Marche en avant jusqu'aux abords de Bucy-lès-Pierrepont où le bataillon se heurte à une résistance qui est réduite au fusil et à la grenade ; il enlève la partie nord du village, précédant de peu les italiens qui s'emparent de Bucy.
En cours de progression, vers 16h, on entend une épouvantable clameur des Arditti italiens qui enlèvent à la baïonnette, en jetant des grenades dans les caves et les maisons, Bucy-lès-Pierrepont absolument vide d'ennemis et me font craindre une violente contre-attaque !
La nuit tombant et la progression devenant impossible, le bataillon s'arrête sur la ligne conquise : route d'Ebouleau - Bucy-lès-Pierrepont, avec ses éléments avancés sur les crêtes Est. Les pertes s'élèvent à 1 tué et 6 blessés.
Je suis à la sucrerie en personne ; impossible de continuer, trop d'obscurité.
A Mâchecourt, attaque sur Sainte-Anne et Maison-Blanche. On entend les mitrailleuses.
Le 45° BCP est arrêté devant Chivres.
...
A partir du 6 novembre, le bataillon va poursuivre sa marche vers Revin en passant par Montcornet, Mont-Saint-Jean. Dagny, Rumigny, Sévigny la Forêt, près de Rocroi.
Les villages de Montigny, Agnicourt, Séchelles, Renneval, Vigneux Hoquet sont successivement libérés après la bataille de la Serre (l'Armée Française a contourné les marais et la Ligne Hindenbourg pour prendre les Allemands à revers.)
...
11 novembre 1918
'Les patrouilles envoyées à partir de 5 heures par le 45ème BCP et le 48ème BCP rendent compte que l'ennemi se replie ; au petit jour, dans le brouillard épais, la poursuite est aussitôt reprise.
A 6h, message du général de Division :
'Il est de la plus haute importance d'être à Rocroi ce matin avant 11 heures'.
A 6h30, les compagnies de tête du 48ème poussent vigoureusement, étayées à gauche par le 45ème BCP, en direction de Grand-Hongreau et Censes Bel-Air.
A 8h15, une section de la 9ème Compagnie, détachée en flancs-garde, est la première infanterie française entrée dans Rocroi par l'entrée sud, suivie de près par une section du 45ème.
A 9h30, les objectifs finaux de la D.I. (Vallée de la Misère, Censes Bel-Air) sont atteints et dépassés. Des postes occupent, très en avant, la côte 380 et la route de Revin.
A 10h45, le commandant de Chomereau reçoit ce message :
'Hostilités suspendues à partir d'aujourd'hui 11 heures, heure française.
Interdiction absolue de communiquer avec les troupes allemandes .
Faire connaître avec précision les positions occupées.'
A 11h, le commandant reçoit l'ordre que toutes les opérations doivent être suspendues, un armistice ayant été signé avec l'ennemi.
Le 48° BCP installe ses cantonnements dans les régions de Censes Bel-Air, la vallée de la Misère, de Petit-Mongréan et le soir, le 48° est au Moulin Galichet.
Le Commandant de Chomereau écrit sur son carnet :
'Après avoir été en premières lignes 4 jours sur 7, après avoir pris Liesse, Machecourt, Bucy-lès-Pierrepont, Séchelles, côte 190, Maubert, Sévigny, après avoir pénétré le premier à Rocroi, après avoir laissé au champ d'Honneur 10 tués et 47 blessés depuis le 14 octobre, fait 50 prisonniers, capturé 10 mitrailleuses, le 48° B.C.P. achève la campagne à l'avant-garde de la Division.'
12 novembre 1918
La 121° Division, retirée du front, est amenée au repos en arrière.
Le 48° BCP est au repos à Champlin.
Le 48°, en récompense de ses succès à Liesse, y est envoyée : le 15 il est à Dolignon ; le 16 il fait mouvement sur Saint Pierremont. Le 17 novembre, il arrive à Liesse.
Un accueil enthousiaste est fait, par la population revenue, au bataillon qui a délivré la ville (fleurs, discours, …).
(NDLR : La presse locale ne sera rétablie qu'au mois de Mai 1919, et de ce fait, je n'ai pas retrouvé traces de ces manifestations de reconnaissance. Je n'ai rien retrouvé non plus dans les registres municipaux où pourtant, des décisions d'organiser les manifestations ont dues être prises.)
Le bataillon reste à Liesse pendant quinze jours, du 17 novembre au 2 décembre 1918, avant d'aller à Kaiserlautern, en une trentaine d'étapes, par Reims, Toul, Château-Salins et Sarreguemines.
Il est décidé d'une troisième citation à l'ordre de l'Armée pour le 48° BCP :
'Le 48° BCP, sous le commandement de Chomereau de Saint André, a enlevé, dans une brillante action, la ville de Liesse aux arrières gardes ennemies. A terminé la poursuite le 11 novembre 1918 dans les bois de Revin après avoir fait tomber dans un chaud combat, la dernière résistance des Allemands.'
Du 2 au 9 décembre 1918, le Bataillon est en dépôt de Commandement.
Le 9, il est à Outre ; le 10 à Gernicourt ; le 11 et le 12 à Trigny ( La sablonnière ) ; le 13 à Craon de Ludes ; le 14 à Matougues ; du 15 au 16 à Saint Germain la Ville ; le 17 à Goulvagny ; du 18 au 21, il est à Larzicourt ; le 22 à Varcourt ; du 23 au 25, il est à Haironville ; le 26 à Guerpont et le 27 à Méligny le Grand. Le 28, le Bataillon fait mouvement sur Chalaisne et y reste le 29. Le 30, il est à Chaudeney ; le 31 à Aingeray.
Le 3 janvier 1919, il franchira l'ancienne frontière de Lorraine à Oriocourt.
Le 23 janvier 1919, devant le Palais de Justice de Sarreguemines, place de la gare, le 48° BCP recevra la fourragère attribuée le 19 janvier.
A propos de l'évacuation de la population de Liesse avant les derniers combats
Le 10 octobre 1918, les Allemands décident d'abandonner Liesse et de se retirer sur la ligne des marais où depuis deux ans, ils ont préparé une ligne forte, la ligne Hundig, qui va des abords de Sissonne jusqu'à la partie nord est du marais de la Souche. Ils espèrent ainsi contrecarrer l'avancée des troupes françaises. En ce début d'octobre, tous les hommes et les jeunes gens sont enlevés, mis en colonne et conduits à pieds jusqu'en Belgique.
Les hommes au-dessus de 50 ans, les femmes et les enfants sont conduits à Marchais pour être abandonnés et remis aux troupes françaises. Les Allemands avertissent les habitants qu'ils auront le lendemain jusqu'à 6 heures du soir pour se retirer vers Laon et évacuer le village. Lorsque les premières troupes françaises arrivent sur Marchais, elles sont reçues avec un enthousiasme et une joie difficiles à décrire. Vers midi les habitants se mettent en marche vers Laon, mais, tout-à-coup, au mépris de la parole donnée, le canon retentit et des obus tombent sur Marchais et les routes voisines. Plusieurs personnes sont blessées par les éclats ou atteints par les gaz. Une fillette meurt des suites de ses blessures, quatorze autres personnes succombent les jours suivants, victimes des gaz et de la grippe qui a beau jeu sur ces pauvres gens épuisés par quatre années de privations.
Pendant ce temps les Allemands achèvent de piller les maisons de Liesse. Ils enlèvent sur des camions tout ce qui peut encore leur être utile et brisent ou saccagent tout ce qu'il ne peuvent emporter.
Ces notes proviennent des écrits d'un Père Jésuite qui vivait alors à la basilique.
Ces notes ont été publiées en 1924 dans le bulletin paroissial de Liesse.
Après ces bombardements, la colonne envoyée sur Marchais s'est réfugiée sur Laon. Certains ont trouvé asile au château de Breuil, aux abords de la route 44, après Eppes.